Sauver le moulin de la Vairie

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Une troisième lettre de mon moulin.... Odeur du temps, brin de....

"Jamais dans la douceur du soir, la Vairie ne m’avait paru si fraîche, si tranquille. Vu du portail blanc sur lequel j’étais appuyé ton moulin avait l’air de parler aux souvenirs. Je ne voyais plus le toit bleuté à demi barré par les fleuves de nuages, je ne voyais plus la grisaille monotone de ses vieux murs d’autrefois. Le monticule sur lequel il semble posé noyé dans l’ombre n’était qu’une masse assombrie d’où s’élevait le cri plaintif d’un grillon solitaire. Je ne voyais plus rien sinon la minuscule fenêtre, tu sais, la fenêtre que le lierre commence à envahir ! A demi-entrouvert, le ventail mal joint crissait dans la tiède nuit. J’écoutais sa voix qui réveillait en moi des souvenirs aux multiples visages . (…) de la mare montait la fraîcheur, odeur du cresson vert qui me parvenait par intermittence car dans le champ voisin on fauchait toujours et l’odeur de foin fraîchement coupé se mêlait intimement aux autres parfums. De temps à autre, je recevais une bouffée d’air chauffé. La route baillait avant de s’endormir. J’étais seul parmi tant de beauté ignorée, parmi tant de nuances infimes de parfums subtils. (…) La fenêtre continuait de battre, le ciel irisé des derniers nuages pourpres refusait de mourir, et sachant que c’était là la plus belle prière que les choses nous font, je remerciais et le soir et la nuit, le ciel et la terre, le vent chargé de promesses futures, les nuances et les parfums. Je savais aussi que c’était là un peu du visage de Dieu. »

 Xavier Pierre à son frère Serge, le 18 août 1955, lettre écrite « dans un très vieux moulin"


Le moulin de la Vairie dans les années 50