Sauvons les cheminées du château de Selles

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Certaines cheminées du château de Selles-sur-Cher (41130) sont tellement dégradées qu’elles risquent de s’effondrer...

Mais qui était donc Philippe de Béthune ?

Philippe de Béthune, baron puis comte de Selles-sur-Cher, baron de Charost, de Mors, seigneur de Font-Moireau, est un homme d'armes, un gentilhomme de l'administration royale, ainsi qu'un diplomate français.

Il est, né en 1565 et mort en 1649 en son château de Selles. Le marquis de Chabris et de Béthune est le sixième fils de François, baron de Rosny et de Charlotte Dauvert.

Il est le frère de Maximilien de Béthune, principal ministre du roi Henri IV, plus connu sous le nom de Sully.

Philippe de Béthune

Philippe de Béthune, tableau exposé au château de Selles-sur-Cher, reproduction de celui exposé au château de Sully.


Une épée et une plume administrative au service des rois de France

Philippe de Béthune sert avec distinction Henri III puis Henri IV pendant les guerres de la Ligue. Le jeune homme est d'abord formé au métier des armes. Il est surintendant de la maison du bailli de Mantes et Meulan. Il reçoit une charge de lieutenant de compagnie de gendarme. Chevalier des ordres du roi, il est nommé lieutenant général en Bretagne, puis gouverneur de la ville de Rennes.

Il occupe une place de conseiller au Conseil d'État privé et au conseil des finances. Gentilhomme du roi, il est nommé chef du conseil des dépêches étrangères.

À la cour, il reçoit l'honneur d'être nommé gouverneur de la personne de Gaston d'Orléans, second fils d’Henri IV.

Homme de plume, il a écrit des Observations pouvant servir au maniement des affaires publiques, publiées par Henri, comte de Béthune, en 1677. Dans cet ouvrage monumental, initialement destiné aux conseils pour Gaston d’Orléans, c’est toute la démarche intellectuelle de Philippe de Béthune qui domine, mise au service du rayonnement de son pays

L’ordre du Saint-Esprit

Diplomate pour le rayonnement de la France.

Premier gentilhomme de la chambre du roi, Philippe de Béthune, grand amateur d'art, est désigné par Henri IV pour assurer plusieurs ambassades :

- Mission extraordinaire auprès de Jacques II, roi d'Écosse ;

- De 1601 à 1605, il fut l’ambassadeur ordinaire à Rome ;

 -Familier du pape Clément VIII, il prend part à l'élection de ses successeurs, Léon XI et Paul V ;

- Il contribue à la paix italienne, en tentant de mettre fin à l'incessante guérilla entre les partisans du roi d'Espagne et ceux des ducs de Mantoue et de Savoie. Ce sont les prémisses du traité de Pavie ;

- En Savoie puis en Allemagne ;

- Il reçoit mission avec le cardinal de La Rochefoucault d'adoucir les griefs de la reine mère - Marie, alors retirée à Angoulême loin de la cour, envers le Roi son fils ;

- Avec le duc d'Angoulême, ils sont nommés députés extraordinaires en 1624 vers l'Empereur et les Princes allemands ;

- Une ambassade extraordinaire auprès du pape Urbain VIII lui permet de mettre fin à l'ancien litige de la Valteline. Devant le pape reconnaissant, il signe un traité avec l'ambassadeur d'Espagne ;

- En 1629, il négocie afin d'empêcher la maison d'Autriche d'opprimer la maison de Mantoue et d'annexer Cazal. Un traité d'union entre le Roi, Sa Sainteté et la République de Venise est conclu.

L’ordre de Saint-Michel

Ses origines familiales.

Nés dans une famille protestante, Philippe et Maximilien sont amis d’enfances avec le futur monarque Henri IV. Ils partagent jeux et éducation.

Mais Philippe montre un esprit très ouvert et tolérant vis-à-vis des religions qui lui permettra de privilégier des idées de bonne gouvernance des peuples bien au-delà de leurs origines religieuses ou sociales. C’est ce qui ressort de ses écrits comme de ses ambassades.

En 1600, il épouse Catherine le Bouteiller de Senlis, fille de Philippe, seigneur de Mouy. Ils eurent six enfants, mais le premier nommé Philippe comme son père, selon la coutume pour un premier-né, décède prématurément en quelques semaines. Le couple est très affecté de cette disparition. Peut-être doit-on à cette occasion le double P entrelacé qui figure sur les monogrammes de Philippe au château de Selles-sur-Cher.

Catherine décède à son tour avant 1608, car cette année-là Philippe épouse en secondes noces Marie d’Alègre. Ils n’eurent pas d’enfants.

Par son milieu protestant, Philippe est proche de la famille Androuet du cerceau. Cette famille est très connue des milieux artistiques de la Renaissance, par plusieurs grands architectes qui construisirent nombre de nos fabuleux châteaux et monuments de cette époque

Les grandes armes de la maison de Béthune, XVIIe siècle, gravées au-dessus du porche d’entrée de la cour d’honneur. On distingue le collier de l’ordre du Saint-Esprit dont l’anneau est remplacé par le médaillon de l’ordre de Saint-Michel. Dans le médaillon, Saint-Michel terrasse le Dragon.

Détail de la croix de l’ordre du Saint-Esprit, sur laquelle figure la colombe.

Saint-Michel est juché sur le dragon pour lui planter sa lance, mais malheureusement la lance est disparue au cours du temps.

Bâtisseur du château Renaissance de Selles-sur-Cher

Sully, frère de Philippe, fit participer l’architecte Salomon de Brosse à la construction de son château de Rosny. Salomon de Brosse est né d’un père architecte, sa mère était la fille du célèbre graveur et architecte Jacques Ier du Cerceau. Salomon travaille avec son oncle pour Gabrielle d’Estrée, avant d’être l’architecte de Marie de Médicis.

Il est fortement probable que Salomon de Brosse ait au moins travaillé pour Philippe de Béthune au château de Selles, par nombre de similitudes avec le château de Rosny.

Philippe de Béthune achète le domaine de Selles en 1604. À cette époque, l’ancienne forteresse médiévale, entourée de douves, est en mauvais état. Elle a probablement souffert des guerres de religions locales. Il sépare cette forteresse en deux parties, la partie sud plutôt destinées à l’intendance du domaine, la partie nord recevra ses appartements d’apparat.

La partie nord est rasée jusqu’au niveau des anciennes fondations plus solides. C’est sur ces fondations que sera construit le château Renaissance, dont il ne reste qu’une partie aujourd’hui.

Vue aérienne du château actuel. En haut et à gauche de l'image, les parties Renaissance. En bas, les parties médiévales. Image tirée d'une vidéo réalisée pour le château - G. Gaillien.

Un plan du domaine tel qu’il se présentait au XVIIIe siècle a récemment été retrouvé. Nous y avons découvert un magnifique ensemble de bâtiments, le long d’une terrasse surplombant le Cher.

Pour la partie sud, Philippe arase les anciennes lignes de défenses supérieures. Il réaménage les espaces de vie, et couvre le tout de toitures en ardoise, dans le style de l’époque. Il s’y aménage ses premiers appartements, dans lesquels on découvre encore ce qu’il reste des magnifiques fresques ornées de figures allégoriques colorées et de maximes, surmontées par des plafonds à caissons décorés et dorés à l’or fin. Il reste toujours également deux âtres richement décorés, portant le monogramme au double P entrelacés, également dorés à l’or fin. Ce sont les pavillons dorés.

Les toitures sont surmontées de cheminées dans le même style que celles des bâtiments Renaissance, mêmes décors et mêmes matériaux : briques et tuffeau.

Cheminées Renaissance bâtiment Béthune. Image G. Gaillien.

Mais ce tuffeau, pierre noble de notre région, couramment utilisée dans de nombreux châteaux de nos vallées de la Loire et du Cher, est parfois fragile et friable. Cette pierre peut se déliter au fil des intempéries. C’est pour cette raison que, suite à l’abandon du château à la fin du XXe siècle, certaines de ces cheminées nous préoccupent.

Les deux cheminées les plus endommagées. Image G. Gaillien.

On distingue encore quelques pierres de tuffaau, avec des briques enchassées, vestiges du XVIIe siècle.

C’est justement de ces cheminées dont il est question dans cette campagne.

Un grand merci à tous ceux qui nous aideront à les sauver.